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Chiroptères et entomofaune en canopée et sous-bois des forêts de Guadeloupe

Découvrez le rapport d’étude complet publié dans le recueil n°9 de la revue Plume de NATURALISTES. Profitez-en pour consulter les recueils annuels de la revue où vous trouverez à coup sûr de quoi vous instruire, vous passionner, vous divertir !

Nous tenons à remercier chaleureusement toute l’équipe éditoriale de Plume de NATURALISTES pour leurs relectures attentives et pour le joli travail de mise en page. Quel plaisir de voir notre travail ainsi mis en valeur ! Plus largement, merci de fournir à tous les naturalistes un support libre et gratuit d’expression et de partage.

La canopée des forêts tropicales antillaises est sous-prospectée en raison des difficultés de mise en œuvre de protocoles d’inventaire en hauteur. Dans l’optique de contribuer à combler cette lacune, AcoNat et notre ami entomologiste Toni Jourdan ont monté un projet d’étude avec le soutien financier du Parc national de la Guadeloupe et de PatriNat, avec pour objectifs :

  • d’étudier la répartition verticale des Chiroptères et de l’entomofaune dans les forêts de la Basse-Terre de Guadeloupe ;
  • d’expérimenter une méthode alternative à l’analyse de guano pour mettre en évidence d’éventuelles relations prédateurs-proies privilégiées entre les chauves-souris insectivores et certains groupes d’insectes.

La canopée des forêts tropicales antillaises est parfois très haute, ici plus de 20 m en forêt ombrophile près de Grand-Étang, à Capesterre Belle-Eau

En mars et en septembre 2023, neuf sites ont été étudiés en forêts semi-décidue, mésophile et ombrophile ainsi qu’en peuplements à mahogany. Sur chaque site, un microphone à ultrasons et un piège à interception (PolytrapTM) sans éclairage ont été déployés en sous-bois et en canopée durant quatre jours et quatre nuits.

L’occasion de grimpes grisantes en totale autonomie, en plein cœur de forêts magnifiques !

Les PolytrapTM sont d’abord préparés au sol puis hissés sur des cordes préalablement installées sur une branche soigneusement sélectionnée. Les insectes en vol percuteront les plaques de plexiglas transparent et tomberont dans le globelet collecteur où ils seront conservés pendant quelques jours.

L’activité des Chiroptères est concentrée à 70% dans les étages supérieurs (« sup ») de la forêt, mettant en évidence l’insuffisance des écoutes au sol uniquement

Forêt semi-décidue des Monts Caraïbes, à l’extrême sud de la Basse-Terre

Onze espèces de Chiroptères ont été détectées, bilan nuancé par des incertitudes d’identification concernant la Sérotine de Guadeloupe, le Sturnire de Guadeloupe et les deux Fers de lance.

Toutes les espèces ont été contactées à la fois en sous-bois et en canopée, à l’exception de la Sérotine et du Chiroderme pour lesquels la rareté des séquences ne permet pas conclure quant à une éventuelle tendance. Sur un site donné, les microphones en canopée ont systématiquement conduit à la détection d’espèces non contactées en sous-bois.

L’activité chiroptérologique est concentrée à plus de 70 % en canopée ou au-dessus. Cette répartition est principalement influencée par le Molosse commun et le Brachyphylle des Antilles qui dominent largement l’activité globale. Les autres espèces exercent également leur maximum d’activité en canopée ou au-dessus, sauf le Murin de la Dominique et le Monophylle des Petites Antilles dont les niveaux d’activité sont globalement équivalents en canopée et en sous-bois.

Ces résultats doivent inciter au déploiement de microphones en canopée lors d’inventaires orientés vers les Chiroptères en forêt.

Le volet entomologique de l’étude a permis la collecte de spécimens appartenant à 20 familles de neuf ordres. L’ordre des Coléoptères s’avère le plus diversifié avec 49 espèces, suivi des Hyménoptères (19), Diptères (15), Hémiptères (8), Blattes (3) et Araneae (2). Les Lépidoptères, Orthoptères, Psoques et Trichoptères ne sont chacun représentés que par une espèce. Plusieurs espèces nouvelles pour la Guadeloupe ou la science ont été collectées pour les Coléoptères et les Hyménoptères. Deux espèces d’Hyménoptères rares ont été collectées des familles des Tiphiidae et Pompilidae.

Quelques exemples d’espèces collectées dans les pièges à interception, appartement aux familles des Hyménoptères (gauche : Pompilidae), Hétéroptères (centre : Aradidae adultes avec des juvéniles) et Coléoptères (droite : Leucothyreus guadulpiensis)

Les forêts semi-décidues et mésophiles apparaissent plus riches que les forêts ombrophiles et les plantations à mahogany, à la fois en nombre d’espèces et en abondance. L’utilisation de pièges sans éclairage a engendré une réduction des rendements de piégeages par rapport à une utilisation standard avec attraction.

Les forêts mésophiles se sont avérées les plus riches sur le plan spécifique

Les forêts mésophiles et semi-décidues ont abouti aux abondances les plus élevées

Projet co-réalisé par AcoNat et Toni Jourdan

avec le soutien financier du Parc national de la Guadeloupe et de PatriNat

Article rédigé par Simon Gervain pour AcoNat, le 04/10/2025

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